Saison 2002-2003
- François-Xavier Frantz
- Clément Gracian
- Dieudonné Niangouna
Sophie Lecarpentier - Marie Tikova
- Hervé Benhamou
- Valéry Warnotte
- Noël Casale
- Bernard Pigot
- Gilles Sampieri
- Florent Meyer
- Benoît Lambert
- Véronique Bellegarde
- Claire Le Michel
- Mamadou Dioume
- Les Rencontres Chorégraphiques
Édition 2
Alice Chauchat
Vera Knolle
Salva Sanchis
Martin Clausen
Angela Schubot
DU 10 AU 20 OCTOBRE 2002 / CRÉATION DE TEXTE
Dieudonné Niangouna
Criss Niangouna
Scénographie
Francis Mampuya
Sonorisation-bruitages
Toto Kisaku
Création lumière
Emmanuel Mafuta
Costumes
Nadia Genez
Chargée de production
Lysis Caruana
Frédéric Rebuffat
Attachée de presse
Nathalie Gasser
- PATATI PATATRA ET DES TRALALAS
NOTES DE TRAVAIL
Parce que Dieudonné est une personnalité hors norme, fort et fragile de son année passée en forêt pendant la guerre de 1997, qui a trouvé dans l'écriture un vecteur d'oubli personnel et de mémoire populaire. Parce ce que ce qu'il raconte est incroyable et vrai, parce qu'il est toujours édifiant d'apprendre émotionnellement. Deux protagonistes se servent de la peur pour affronter l'irrésolu. Dans l'intimité d'un univers clos, confessionnal, ces monstres d'hier et d'aujourd'hui se mirent chacun dans la gueule de l'autre, pour mieux accepter le châtiment qu'ils peuvent s'offrir intérieurement. Meurtrissures de la tragédie grecque et violence d'une langue dont la force des mots fait penser à Bernard-Marie Koltès : Parler de la douleur, de ce vécu trop lourd, d'un rendez-vous régulier entre deux êtres qui ont un même besoin d'évacuer des images trop inoubliables pour ne pas être dites. L'articulation, la mise en mots peut-elle soulager la conscience ? peut-elle aider à oublier ?
PLUS FORT QUE LE NUL, TU MEURS
Deux voix se pourchassent depuis le matin levé de leurs faux êtres, des voix qui ne disent que des images cruelles mais qui de la cruauté elle-même ont dépassé le sens, en se cachant derrière le masque des mots ; elles disent qu'elles ont vaincu le sort, la situation. Par le jeu ? Par le rêve ? Dans un temps qui pourrait durer le temps d'un rêve, deux bêtes se déchirent à coup de mots mortels, pour parvenir à une viande pure. Deux compères qui ont quitté l'enfer des nuls et ce vieux jeu de tuer qui brave haut les cœurs. Que viennent-ils chercher sur la barricade, dans ce fabuleux enfer où s'annulent tous les géants ? Las de leur invincibilité, ils ont besoin d'homme. Ils cherchent l'intérieur d'eux... Ah ! que le chemin est tortueux ! L'écriture est faite de brisures. Un mot n'a pas d'ami qui tienne dans une phrase ; il se bouscule avec un inconnu qui ne lui laisse pas la peine de triompher. Ce chevauchement entraine un tremblement de cause. D'où la cassure qui étrangle le propos, en libérant le dit de son déchirement. Mais il y a plus de non-dit qui ne sortira pas avant que les mots ne crèvent. Un mot en cache huit autre et chacun son masque. Le rythme est voué au "Big! boum! bah! ". Car il y a aussi le non-vu. Pas de linéarité, la logique est morte. Nous sommes dans une voltige, où l'espace, le temps et l'action sont dictés par la peur. Les expressions sont tordues, torturées au fond de la haine, dans une langue bric-brac mariant l'argot ‡et la poésie. Tordues pour être au plus vraies du monde de la peur.
NOTES DE TRAVAIL / suite
" La misère ne me fait pas peur, nous la côtoyons tellement, mais c'est la peur de la misère qui me fait peur. Nous levons du bruit, comme des traces de pas sur les sables du temps, des griffes de sang tagué sur les murs de la colère, qui tient ou ne tient pas".
"Un duel comme dans les westerns". Un vaudeville de mots jeté la rescousse face un univers effondré par l'autosuffisance de l'homme. Trouver sous la poésie des mots, le concret ; faire entendre toute la singularité de l'écriture de Dieudonné Niangouna, sa folie lexicale et grammaticale. Il s'agit d'un hymne ‡à l'homme. La question de la division, de la guerre est finalement là‡ pour justifier la quête d'une humanité commune ‡à tous, le cœur. Comme une grande question lancée. Ce qui divise est artificiel, créer par la société, ce qui unit est en l'homme. Sa puissance de curiosité peut-être, son désir de comprendre le monde, de se comprendre lui-même aussi à‡ travers l'autre-miroir. Le texte renferme trois guerres aux échelles différentes : la violence de la guerre civile n'est que la trame de fond, le décor ; elle dissimule une humiliation, une guerre intime pour le pouvoir, qui elle-même enfouie, recouvre une blessure de femme, une lutte de séduction et de pouvoir sensuel. Deux êtres sont aux prises avec un destin trop grand pour eux. Il s'agit d'un duel. Comme dans les Westerns ; entre deux grands chefs de clans, rivalisant et jubilant aux récits des horreurs commises. Mais le respect de l'autre empêche le meurtre rapide. Ils se retrouvent sur cette barricade pour la troisième fois, cherchant en l'autre une réponse à‡ leur propre violence. Il s'agit de peser la cruauté de l'autre. Par les mots, " protégez-vous de votre gueule ! ", ils dévoilent leurs ressemblances et annulent la haine ; au duel des extases, des cruautés, des folies, ils sont des hommes..., hommes dressés, mais hommes... d'où la conscience qui travaille en eux, sans eux, pour eux, contre eux... Comme Mutchacho, n'est que le prétexte qui justifie la rencontre, en réalité chacun vient pour s'accuser devant l'autre. L'un est revenu de tout, sa moindre illusion a été nettoyée ; l'autre est encore dans la douleur, ses souvenirs pèsent plus que lui. S'ils se disent, c'est pour ressentir au plus près la peur de l'autre, tenter de comprendre, de voir l'homme derrière le guerrier. Cette quête oscille entre attraction et répulsion, dans un balancement inhérent à la découverte de l'autre. Tout ça se dit sur un lit de cadavres... un par un ils furent annulés... C'est parce qu'ils sont morts que la parole peut surgir. La violence des rapports humains et la victoire de la fraternité ; un regard cru sur la guerre, celui de deux jeunes hommes qui l'ont vécu comme une fatalité ‡à réfléchir pour mieux la dépasser. Le besoin de dire pour oublier, les vertus du dialogue, ses vertiges
Production Cie Eulalie
Coproduction Compagnie Les Bruits de la Rue, Centre culturel Français de Brazzaville, Centre Culturel Français de Kinshasa, Scène Nationale de Mâcon et Scène Nationale de Besançon.
Soutiens Ministère des Affaires Etrangères, la Commission Internationale de Théâtre Fancophone, l'AFAA, la Convention AFAA/DRAC/Conseil Régional de Haute Normandie, la Région Haute Normandie et le Conseil Général de Seine Maritime.
Remerciements Théâtre des 2 Rives de Rouen, au Théâtre International de Langue Française Paris, au Festival des Rencontres des Cultures Urbaines de la Villette Paris, aux Dictionnaires Le Robert et aux Voyageurs du Monde.