Saison 2002-2003

DU 3 AU 19 SEPTEMBRE 2002 / CRÉATION THÉÂTRALE

Résidence de création - Le Colombier
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Avec
Alexandra David
François- Xavier Frantz

Collaboration artistique
Daisy Amias

Musique
Philippe Orivel

Images
Pierre Villemin
 
 

SamediS 7 et 14 septembre
Festival Schwab

Mise en espace de “ Escalade ordinaire” de Werner Schwab
Documentaire images d’archives et interviews filmés
Projection vidéo de Pierre Villemin
Concert de Gilles Sornette et Philippe Gladieux
 
 
En coréallisation avec Le Colombier, la Cie La moindre des choses présente
 
MA BOUCHE DE CHIEN
Texte Werner Schwab
Mise en scène François-Xavier Frantz
Traduction Michael Bugdan et Mike Sens
L’Arche Editeur est agent théâtral de Werner Schwab
 
 
 

Ma bouche de chien est un poème d’ivresse logique, de rire fou et de douleur mondiale. Ma bouche de chien est un rituel d’apaisement.

Schwab s’attaque ici à la figure du père. Le père qui est toujours la figure d’autorité abusive est ici la figure d’amour radical. Le Père qui est systématiquement représenté comme la figure injuste et destructrice est ici un homme qui manque d’un amour " haut de cent mètres "… tout simplement.

JOSEPH-GUEULE-DE-CHIEN a une FEMME et un FILS. Son fils lui en veut à mort parce qu’il n’est pas capable de lui trouver un nouveau carburateur pour sa voiture. Sa femme lui en veut à mort parce qu’il est un homme qui boit, qui ne mange pas les repas qu’elle lui prépare et qui ne s’occupe pas du tout de son exploitation agricole. ROLFI est un chien qui est élevé très durement depuis dix ans par Joseph-Gueule-de-Chien.… Joseph-Gueule-de-Chien en veut à mort au monde entier d’être " la répétition du monde dans le monde/ la même chose/ toujours la même chose/ qui dans la même chose/ perd sa semence… "

Après avoir créé " ESCALADE ORDINAIRE " en 1998 à l’Échangeur—déjà en complicité avec Gilles Sampieri— la Cie La Moindre Des Choses et François-Xavier Frantz après Pier Paolo Pasolini et Edouard Dujardin reviennent à Schwab.

Le théâtre de Schwab ne dénonce rien. Pour lui, changer le monde n’est pas une question sérieuse. Changer notre regard sur le monde, notre parole sur le monde… oui. Pour cela il faut sans cesse apprendre à nous voir nous-mêmes. La langue de Schwab est très particulière parce qu’elle joue avec elle-même.
Schwab est le plus grand dramaturge de la fin du XXème siècle. Il est à venir. Comme chez les plus grands dramaturges; la représentation du monde est d’abord et avant tout et en dernier lieu -un fait de langage. La fiction de la langue avant et après tout : la langue qui peut tout— nous faire dire, nous faire faire, nous faire taire, nous faire croire et nous faire voir— joue avec nos limites quand nous croyons la maîtriser.La langue que Schwab est Fiction. Elle va au centre de nos silences et travaille dans cet espace sans aucune concession. On peut reprocher à Schwab de vouloir parler de ce que nous préférons taire.
De nous montrer à quel point et degré notre rapport à la langue est encore et toujours organique. C’est bien ça, " l’organe de la parole " est un organe comme un autre, qui voudrait les remplacer tous et les masquer tous.
Schwab nous propose de n’avoir pas peur de parler du plus extrême de nous-même. En se masquant sous une ironie et une profonde connaissance des " effets " de la langue. En atteignant au fouet de ses mots ce que nous refoulons. En faisant trembler les zones qui sont nos hontes partagées. Nos univers " intérieurs ". Nos conformismes hygiéniques. Pas pour le plaisir de la provocation. Comme tout artiste unique, il nous fait avancer vers nous-mêmes, là où nous prétendons aller avec des bons sentiments, il nous tire de toute la puissance de son écriture. Nous sommes dos tourné à nous-mêmes. Sa langue gifle le bon sens pour qu ‘il lâche sa proie.

Sade a fait le même travail. Nous amener à travailler notre chair comme notre être même, pas comme une idée, pas comme une damnation, pas comme un rebut.

 
SCHWAB DIXIT

Les gens ne parlent pas mais ils sont parlés.

La motivation de base n’est pas de raconter une histoire, car toutes les histoires ont été racontées. C’est la douleur qui est importante. Ce qui compte c’est d’essayer à nouveau le chemin entre ce qui est exprimé et ce qui devrait être exprimé.

Oui, quand on démarre avec une intention particulière du genre : " à partir de maintenant je fais de l’art ", alors c’est foutu d’avance.

Le théâtre est une cochonnerie ennuyeuse où l’on peut mourir d’ennui contre paiement.

Le coeur, comme morceau de chair humaine, est un muscle, et la force est la seule manière de sauver le vieil animal théâtre, qu’on peut sauver, si on le martyrise en l’écrasant.

Aller faire ses courses au supermarché, même s’il n’y a pas de sang versé, est plus violent, au fond, que mes pièces.

Et ça m’est égal si je suis assis isolé dans le noir debout dans la foule. Où que l’on se trouve dans la vie, des choses se présentent à nous. Et là, c’est l’attitude qui compte et rien d’autre. Et l’attitude veut tout de même dire : interprétation, regard et écriture précisément.

Il arrive que je me mette d’un coup à rire en écrivant. Mais l’idéal c’est quand un rire retentit pour ensuit rester bloqué. Ça c’est la joie suprême, car on a fait pour ainsi dire coïncider plusieurs qualités.

Quand on est à bout d’inspiration, on est à bout. C’est simple. Il faut juste faire attention qu’on se rende compte quand on n’a plus rien à écrire, sinon, ça devient gênant…