Saison 2017/2018
- Thibault Fayner
Anne Monfort - Cyril Hériard Dubreuil
- Gilles Sampieri
- Frank Micheletti
- Mathieu Riboulet
Anne Monfort - Gérard Watkins
- Simon Pitaqaj
- Festival Les Incandescences
Lola Maury
Maude Albertier
Jonas Chéreau
Sarah Pellerin-Ott - Byan Polach
- Concordan(s)e - édition 12
Sylvain Pattieu
Yvann Alexandre
Carole Martinez
Pascale Houbin - Mounia Raoui
Jean-Yves Ruf - Christophe Laluque
- Daniel Danis
Véronique Bellegarde - Les Rencontres Chorégraphiques
Martin Hansen
Yu-Ju Lin
Tereza Hradilkovà
Lilian Steiner
Annamaria Ajmone
Jule Flierl
LES 30 ET 31 MARS À 20H30 / Création de texte
© Rodolphe Gonzalez
- LE DERNIER JOUR OÙ J'ÉTAIS PETITE
Mounia Raoui/
Je demande à la parole
D’allumer la lumière
Je me brûle dans les mots
Pour noyer mon impuissance
Pour foutre le feu à mes plaies
Je me parle.
À propos/
Mounia Raoui est aujourd’hui comédienne. Mais avant, Mounia était une petite fille. Puis elle a grandi. Elle livre ici un texte très personnel, un parcours à travers son enfance et sa vie d’adulte. Une traversée dans ses rêves, ses réflexions, ses désespoirs et ses révoltes. Elle y rend hommage à son grand amour, dévorant, exclusif : le théâtre. Cet art « qui ne sert à rien », qui l’a isolée de ses autres vies, celles où elle aurait pu poursuivre la route tracée par ses parents, se marier, trouver un travail – un vrai. Ce compagnon d’une route tortueuse mais claire, détournée mais libératrice.
Ce témoignage sur sa condition d’artiste, sa lutte pour ne rien céder à la peur des lendemains qui ne chantent plus, à la précarité des jours sans travail, à l’incompréhension de ses proches, Mounia Raoui le porte sans aucune complaisance ni misérabilisme, mais avec une rare vitalité. Et de l’humour. Ses mots sont musique, rythme, cris parfois, ils jaillissent, heurtent et musclent cette chronique douce-amère, ce drôle de monologue, cet hymne un peu cabossé à la vie, écrit (on l’imagine) dans l’intimité d’une cuisine où flotte un parfum rassurant de café chaud... comme un parfum d’enfance...
Peut-être est-ce simplement cela le désir de Mounia, la vie de Mounia, sa lutte de chaque instant : demeurer en ce monde que l’on quitte tous un jour sans s’en souvenir, le dernier jour où l’on est petit.
Note de mise en scène/ Jean-Yves Ruf
Mounia m’a toujours intéressé, comme comédienne, comme être humain. Disons qu’elle m’intriguait. Je l’observais de loin, sans jamais avoir l’occasion d’approfondir ma curiosité. Quand j’appris par hasard qu’elle avait écrit un texte, je lui ai demandé de me l’envoyer.
J’ai été immédiatement frappé par la force de son écriture, son sens du rythme, du montage/collage entre plusieurs niveaux de langues, la richesse de ses héritages littéraires et musicaux, son ton très personnel. J’ai eu envie de l’entendre dire ce texte et lui ai proposé de l’accompagner. J’ai été d’abord un de ses lecteurs, de ses relecteurs. Puis l’on a cherché ensemble les lignes de force de son texte. Je parlais alors à l’actrice Mounia de la Mounia écrivaine comme une tierce personne, absente, de qui l’on pouvait tout dire sans se gêner. J’avais besoin de cela pour me sentir libre, et Mounia se prêtait au jeu en souriant. Il s’est inventé entre nous une relation de confiance et de travail tout à fait neuve pour moi. Ni une actrice en face d’un metteur en scène, avec la hiérarchie induite que cela suppose. Ni un simple regard extérieur, avec la prudence précautionneuse que cela induit. Une sorte de recherche franche et directe. Car elle est directe. Directe, souple et têtue. Et j’aime les gens opiniâtres, le dialogue va à l’essentiel. Je savais pouvoir tout dire sans m’encombrer de précautions oratoires. Un rapport libre, qui débordait les rôles assignés.
C’est souvent une expérience forte pour un metteur en scène que d’accompagner un acteur, une actrice. Je l’ai fait avec Jean-Quentin Châtelain, avec la Lettre au père de Kafka. C’est un rapport différent, une sorte d’intimité se crée, on a l’impression d’entrer dans le processus intérieur d’un acteur, d’assister à un accouchement. Avec Mounia c’est toujours inattendu. Elle cherche sans cesse à se remuer elle-même, à se provoquer, se défier.
Elle écrit dans la nuit, ajoute, retaille, improvise, questionne. Pas de danger avec elle de crouler sous ses habitudes.
Production La Compagnie Toutes nos histoires - Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis. Coproduction Compagnie Le Chat Borgne Théâtre, conventionnée par le Ministère de la Culture, DRAC Grand Est.
Création novembre 2017 - Théâtre Gérard Philipe centre dramatique national de Saint-Denis.