DU 20 AU 25 NOVEMBRE / Création de texte
Du mardi au samedi à 20h30 / Dimanche à 17h / Relâche le jeudi
DR
Avec
Julie Clot
Nessim Kahloul
Nassim Kouti
Participation In Vidéo
Adama Diop
Elissa Alloula
Dramaturgie
Collaboration artistique
Mohamed Rouabhi
Scénographie
Camille Duchemin
Vidéo
Benoit Lahoz
Azzedine Hakka
Lumière
Rémi Nicolas
François Kaleka
Son
Dounia Trabelsi
Nassim Kouti
Musique
Nassim Kouti
Alexandra Badea est
représentée et publiée par L’Arche Editeur
Vendredi 23 novembre
Samedi 24 novembre
à 18h
Lecture
de Falk Richter
- CEUX QUI BRÛLENT
Tout part d'une image d'actualité.
Une femme la regarde. Une femme qui est partie loin pour s'extraire du bruit de son monde. Une femme isolée dans un pays lointain qui regarde de temps en temps ce qui se passe dans le pays qu'elle a quitté. Une femme qui découvre en bas de la photo sur le crédit un nom familier. Le nom de l'homme qu'elle a aimé. Elle décide alors de lui écrire après des années de séparation. Elle veut surtout comprendre pourquoi il a pris cette photo. Une correspondance s'articule entre ces deux êtres.
Note d'auteur/ Alexandra Badea
J'écris toujours à partir du concret, du réel, de ce qui me fait violence dans le monde contemporain, dans le discours public. Je cherche les endroits où le politique interfère dans l'intime. Dans le contexte d'aujourd'hui où le temps de monter une production se prolonge, je m'interroge sur la possibilité des auteurs de parler en synchronisation immédiate avec l'actualité. J'écris en résonance avec ce qui se passe dans le monde. J'écris sur les sujets qui m'agressent. J'écris pour transcender le réel, pour créer des micro-actions qui pourraient constituer des espaces de résistance. J'écris ici et maintenant. Comment avaler la cruauté du monde et surtout comment la transmettre ? Comment réagir à la violence médiatique ? Comment intégrer le public dans le dispositif de l'écriture ? Comment prendre la place de l'acteur tout en restant à l'endroit de l'écrit ? Ces questions m'ont emmenée à créer une forme performative. Une écriture qui prend appui sur les images qui circulent sur internet au moment des faits pour créer une action poétique, pour transcender le réel immédiat. En prise avec l'actualité, en réaction au bruit du monde...
Trajet de l’écriture à la mise en scène/ Azzedine Hakka
Durant l'année 2015, parallèlement à mon travail de recherche en drama-thérapie avec des jeunes victimes du terrorisme dans le monde, j'avais le projet d'écrire une pièce sociale autour des effets de la mondialisation, du terrorisme, des médias et de la finance et à la fin de l'été 2015, j'ai découvert « Mondes », d'Alexandra Badea, sur France Culture.
Les enjeux étaient clairs : deux personnes séparées par la vie correspondent et débattent des causes de leur séparation, des effets néfastes des frontières, de leur étouffement, de la situation actuelle du monde vécue à travers deux coins différents du globe.
Cette pièce résonne avec une force étonnante à notre époque de par son intrigant mélange d'actualités mondiales et de poésie. Une pièce parfaite à mes yeux mais qui m'a tout d'abord frustré car elle allait tuer dans l'œuf mon propre projet d'écriture. Mais qu'importe si je ne l'avais pas écrit, mettre en scène ce texte précis, noir, plein d'amour et de chaos, avec un rythme si singulier s'est imposé à moi comme une nécessité artistique et citoyenne. J'ai voulu défendre ces personnages qui se retrouvent face à leurs abîmes de détresse, de solitude et d'amour pour leurs congénères. Une pièce où des frontières virtuelles, établies de façon aléatoire par des hommes, Pour toutes ces raisons, il me fallait adapter « Mondes », et ainsi monter « Ceux qui brûlent ».
L’essayiste Achille Mbembé
Durant mon travail autour de « Ceux qui brûlent », j’ai pensé à l’auteur et essayiste Achille Mbembé, qui avait donné une interview dans le journal Libération, le 1er juin 2016, intitulée : « La France peine à entrer dans le monde qui vient ». A mes yeux, les matériaux que sont le texte d’Alexandra Badea et cette interview se complètent singulièrement. D’un côté, deux personnages en souffrance dans un monde chaotique, et de l’autre, Achille Mbembé qui, témoin de cette souffrance, fait un état des lieux de ce monde qu’ils habitent. Achille Mbembé sait à sa manière éclaircir les points sombres de nos sociétés occidentales. Riche de sa culture franco-africaine et avec une distance peu commune, il analyse notre époque sans concession mais avec un humour étonnant. Tels les philosophes de l’antiquité et leurs observations sur la cité, son analyse sera retranscrite par le biais d’une projection vidéo créant une distance certaine entre les enjeux exposés sur le plateau et un recul qui manque cruellement à nos sociétés et leurs fuite en avant frénétiques.
Production Collectif El Ghemza
Coproduction Gare au théâtre / Vitry dans le cadre des rencontres du théâtre réel
Coréalisation Le Colombier / Bagnolet
Avec le soutien du Département des Hauts-de-Seine, de la ville de Montrouge, de la Spedidam
PARCOURS PUBLIC / GRATUIT SUR RÉSERVATION
VENDREDI 23 - SAMEDI 24 NOVEMBRE À 18H
Direction de la lecture et vidéo : Azzedine Hakka
Son et musique : Nassim Kouti
Avec : Julie Clot, Nessim Kahloul, Djalil Boumar, Nassim Kouti, Thalia Otmanetelba
Texte publié chez l’Arche Editeur
"Sept secondes" décrit la vie d'un pilote des forces armées des Etats-Unis qui largue des bombes sur l’Irak à la façon d’un adolescent qui passerait sa journée devant sa console de jeux vidéo. Au fin fond des États-Unis, sa femme et leurs enfants, fiers de leur père parti combattre "des méchants qu'on ne connait pas", préparent un pique-nique.
La guerre serait-elle un jeu vidéo ? Imaginez : toutes les trois secondes, un avion qui décolle. Une fois la cible repérée, le pilote lâche sa bombe. Sept secondes plus tard, un périmètre de six cents mètres est entièrement dévasté. Vu du ciel, cela représente une surface pas plus grosse qu’un ballon de football. Une gigantesque explosion et puis plus rien… Des hôpitaux, des écoles, des crèches, rayés de la carte. Mais alors, c’est pour de vrai tout ça ? Parce que cela semblerait presque irréel. Avec une ironie grinçante, Falk Richter sonde au scalpel l’irréalité effarante produite par le déluge d’images de guerre dont nous sommes quotidiennement bombardés. Assis à une table devant des micros, des comédiens parlent comme s’ils étaient à la télévision ou comme s’ils participaient à un jeu. On ne sait jamais s’ils échafaudent un scénario ou si ce qu’ils disent est réel. Ponctués d’explosions, leurs mots sont comme minés de l’intérieur, ridiculisés par les motivations dérisoires qui justifient leurs combats.