Saison 2008/2009
- Claire Aveline
Marek Kedzierski - Philippe Ménard
- Serge Hamon
Mariana Araoz - Claude Merlin
- Falk Richter
Anne Monfort - Mariapia Bracchi
- Jamais vu !- Édition 3
Françoise Tartinville
Petra Fornayová
Lenka Bartunkova
Zufit Simon
Jan Komárek
Stefano Mazzotta
Emanuele Sciannamea
Sofia Fitas - Bertrand Sinapi
- Concordan(s)e - Édition 3
Geneviève Sorin
Lulla Chourlin
Susanne Joubert
Carlotta Sagna
Olivia Rosenthal
Nathalie Pernette
Gwenaëlle Stubbe
Philippe Combe
Arnaud Cathrine
Pierre Johann Suc
Pierre Charras
Osman Kassen Khelili
Pascal Morin - Cécile Loyer
DU 18 AU 23 NOVEMBRE 2008/ Résidence autour de Samuel Beckett
© Lutfi Özkök
Claire Aveline
Valérie Blanchon
Christian Montout
Mise en scène
Marek Kedzierski
Collaboration artistique et lumière
Cyril Desclés
Musique
Martin Niestroj
Scénographie
Ewa Bathelier
Participation
Antoine de La Morinerie
Samedi 22 novembre
Parcours public
Rencontre avec Barbara Bray
Lecture de 3 textes de S.Beckett
Exposition de 3 photos inédites
Voir détail du programme plus bas
- QUELQUES MOTS SUR LE SILENCE
Théâtre assurément exigeant, éprouvant, et pour les interprètes, et pour le public, les sensations que provoque cette écriture sont à partager infiniment :
En face
Le pire
Jusqu'à ce
Qu'il fasse rire.
Samuel Beckett, Mirlitonnades
Comment parler du silence, lorsque le silence se trouve dans les mots, sous les mots, telle pourrait être la question qui anime toute l'écriture de Samuel Beckett depuis ses débuts et que l'on retrouve à travers ses variations les plus singulières. Le spectacle prend délibérément le parti d'explorer à rebours la quête beckettienne de dire je exprimée dans son roman L'Innommable en 1953.
La Bouche de Pas moi (1973) en est réduite à ressasser les quelques bribes de phrases qui lui restent, proférées comme autant de fragments de mémoire, afin d'exprimer toute la densité d'une existence humaine dans ce « concentrisme ».
Les trois protagonistes de Comédie (1963) ne sont guère mieux lotis, eux qui, dans leur anonymat, enserrés dans des jarres, semblent condamnés à répéter sans fin, devant l'œil implacable d'un projecteur inquisiteur, la même histoire circulaire de l'enfermement, celle du pseudo-drame bourgeois composé de l'éternel trio : le mari, la femme et la maîtresse.
Alors, il faudra revenir à la source, au texte romanesque fondateur, L'Innommable, qui, dans sa logorrhée à la limite de l'essoufflement, finit pourtant par déclarer : « Il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer. »
Cette traversée se veut donc un mouvement d'ouverture qui, à travers la frappe physique sur les mots, laisse résonner, non pas un sens, mais du sens, auprès du public en laissant planer l'humour infini de Beckett, lui qui, à la fin de sa vie, répondait à un de ses admirateurs lui déclarant lire ses œuvres depuis plus de quarante ans : « Comme vous devez être fatigué ! »
L'ORIGINE / Par Claire Aveline
J'ai rencontré Marek Kedzierski en 1997 alors que je jouais Sturm ein europäischer Shakespeare une très libre adaptation de La Tempête qui réunissait douze comédiens de neuf nationalités différentes. Pour le spectacle nous avions mis au point un « langage européen » à partir de nos langues maternelles respectives auxquelles s'ajoutaient les langues des autres protagonistes. Marek Kedzierski avait exprimé un très vif intérêt pour ce travail sur les langues et la diversité des pratiques et des cultures théâtrales ; de plus nous nous sommes très vite trouvé une passion commune : Samuel Beckett. Marek avait alors évoqué la possibilité que nous montions Pas moi ensemble.
Après plusieurs rendez-vous manqués, nous avons réalisé ce projet. Pas moi a été créé au Schauspielhaus de Zurich en avril 2006, puis présenté au Théâtre Laznia Nowa à Cracovie dans le cadre des manifestations organisées autour du centenaire de la naissance de Samuel Beckett.
Quelques mots sur le silence…, titre que nous avons choisi pour ce projet, sera le prolongement en France et à l'étranger de ces échanges européens.
Samuel Beckett a jalonné mon parcours théâtral, comme un fidèle compagnon de route, il me sert tour à tour de référence, de régénérateur et de point de repère. J'aime revisiter périodiquement son œuvre, qui contrairement aux idées reçues, me semble lumineuse et férocement humoristique dans l'évocation de la condition humaine. C'est une matière précieuse pour travailler la musicalité, l'écoute, la présence et un équilibre très subtil entre la pensée, l'émotion, le physique et l'organique.
À propos / Par Barbara Bray
Quelques mots sur le silence… est un spectacle en trois parties (…). Pour les spectateurs qui ne connaissent pas l'œuvre de Beckett aussi bien que pour ceux qui en sont familiers, cette juxtaposition ingénieuse de passages clés de trois de ces œuvres majeures, (...) apporte une lumière incroyablement révélatrice sur l'ensemble de l'œuvre de l'auteur, avec toutes ses supposées difficultés et contradictions.
L'histoire proprement dite (de Comédie) est en apparence l'histoire la plus banale qu'on puisse imaginer : un triangle (le mari, la femme et la maîtresse) qui tourne mal. Et la situation de base est non seulement abominablement conventionnelle et commune, mais Beckett fait tout son possible pour la rendre ridicule dans le détail. Les trois personnages sont ordinaires, médiocres, lamentables : en un mot, douloureusement familiers. L'homme, qui s'essouffle à courir d'une femme à l'autre est peut-être le pire des trois, car il n'est que besoin, faiblesse et pitoyable fourberie, si aimable soit-elle. Beckett transforme ces données, volontairement banales et telles quelles méprisables en une expérience étonnante, tout à la fois drôle et émouvante. L'ironie la plus complexe et la plus subtile émerge de ce triple contrepoint. De toutes les œuvres que Beckett a pu écrire à ce jour, c'est celle qui touche au plus près à l'expérience quotidienne de tout public, tout en étant celle qui fait le moins de concessions.
Production À Point Nommé
Soutiens la DRAC Alsace
Résidences Théâtre de la Coupole à Saint-Louis (Alsace), Le Colombier (Bagnolet)
Remerciement compagnie Le Chat Borgne Théâtre, le Théâtre National de Strasbourg, l’Atelier de la Main d’Or.
PARCOURS PUBLIC / ACTIONS MENÉES DANS LE CADRE DE LA RÉSIDENCE
PROJECTION
Film en noir et blanc, muet, dernier rôle de Buster Keaton.
Tourné à New-York en 1964.
Copie originale en 16 mm. (Courtesy of Barney Rosset producer)
Extrait du synopsis
Aperçu général
Esse est percipi
Perçu de soi subsiste l'être soustrait à toute perception étrangère, animale, humaine, divine.
La recherche du non-être par suppression de toute perception étrangère
achoppe sur l'insupprimable perception de soi.
Proposition naïvement retenue pour ses seules possibilités formelles et dramatiques.
Pour pouvoir figurer cette situation le protagoniste se scinde en deux, objet(O) et œil(OE),
le premier en fuite, le second à sa poursuite.
Il apparaîtra seulement à la fin du film que l'œil poursuivant est celui,
non pas d'un quelconque tiers, mais du soi.
RENCONTRE - DÉBAT
Barbara Bray a accompagné Samuel Beckett tant dans sa vie que dans sa création pendant 30 ans. Elle a travaillé pour la BBC et a inspiré, et contribué à produire, les premières œuvres radiophoniques de Samuel Beckett et Harold Pinter. Elle est traductrice en anglais de Marguerite Duras, Michel Tournier, Arthur Adamov, Alain Robbe-Grillet, Marcel Pagnol, Jean Genet...
LECTURES
Écrit dans les années 40 et paru en 1968
Avec Christian Montout
L'IMAGE
Écrit en 1959 et paru en 1988
Avec Antoine de La Morinerie
ASSEZ (in Têtes-Mortes)
Écrit en 1966 Avec Claire Aveline