Saison 2008/2009

DU 27 JANVIER AU 1 FÉVRIER 2009/ RÉSIDENCE DE CRÉATION

La Cie Du goudron et des plumes en résidence de création au Colombier
 
 

 
Avec
Mariapia Bracchi
Emmanuel Clarke
Illitch L’Hénoret
Laurent Mothe
Emmanuelle Paquet
Isabelle Vellay

Scénographie
Mariapia Bracchi
Rafael Grassi

Lumières
Thomas Hennequin

Intervention plastique
Rafel Grassi

Préparation corporelle
et langage du mouvement
Edwige Wood
 
 

samedi 31 janvier
Parcours public

Traces et effacements
Autour du travail
de Rafael Grassi-Hidalgo
Voir détail plus bas
 
 
En coréalisation avec Le Colombier, La Cie Du goudron et des plumes présente
 
CHRONIQUE DES JOURS DE PLUIE
Conception et Mise en scène Mariapia Bracchi
Partition muette pour 6 acteurs
 
 

Un spectacle à inventer de toute pièce

Après On dormira quand on sera mort, crée en 2004 au Colombier puis repris à la Maison des métallos en 2005, la Compagnie du Goudron et des Plumes continue d’explorer le théâtre sans parole.

 

À propos / Par Mariapia Bracchi

J’appréhende l’expérience du spectacle comme une ballade picturale. La musique abolit l’espace physique et renforce le fantasme.
L’environnement sonore, niveau de lecture à part entière, vient contrarier ou soutenir l’action. Il participe à cette recherche d’impact en vue d’une communication qui vise tous les sens et dans tous les sens de l’esprit. Collecte de sons, mots perdus, oubliés à jamais côtoient les musiques d’un temps passé et participent à la création d’un univers décalé et familier à la fois. Cette évocation naît d’un constat au présent de la société qui m’entoure. «Lire le théâtre avec la vie, c’était pour moi la seule manière d’en faire, du théâtre» (Pippo Delbono in Récits de juin).
C’est parfois dans des détails insignifiants que se révèle le sordide, le merveilleux de la vie. Donner à voir ces détails peut s’avérer salutaire.

 

Au-delà des mots... révéler l’histoire en creux écrite dans nos corps

Par ce second volet, j’entends avant tout continuer la recherche initiée avec On dormira quand on sera mort : la recherche d’un théâtre sans parole, le corps restituant une vérité souvent occultée par les mots, voire dissoute dans le langage et qui ne retrouve son impact que dans la condensation du corps.
Lorsque je travaille avec des poupées (www.romans-photos.org), il est également question de ce qui nous caractérise en tant qu’être humain, au-delà du langage, de la frontière avec l’inanimé…du trouble qui survient quand la poupée prend vie. À quoi ça tient la vie ? De même, sur le plateau, je m’interroge sur ce qui permet au vivant d’émerger, en recherchant non pas le réalisme mais la vérité des situations. Cette volonté de se taire, de creuser plus profondément dans la chair est au cœur même du sujet. Faire un théâtre où l’on peut respirer le parfum des acteurs (la sueur ne ment pas). Le théâtre est vivant parce qu’il y a des corps en scène et l’impact que je recherche n’existe que dans ces moments ultimes, au-delà des mots. C’est un ressenti qui ne touche en rien à l’intellect. Mon travail consiste à révéler les corps au-delà du discours et du formatage.
J’aime aborder des contraires, des paradoxes, des non dits, des situations inexprimables. Je tire des fils, parfois infimes. Je cherche à partir des questions que me pose mon quotidien. Des questions liées à l’âge, au statut social, au pouvoir…
C’est l’indicible que je traque durant les répétitions, l’histoire écrite en creux dans nos corps qui en dit bien plus que n’importe quel discours. Je raconte les corps. Comment ces corps se côtoient. Le spectacle prend le pouls du moment, je fais avec ce que je suis, avec ce que nous sommes. Je choisis les acteurs pour leurs qualités mais aussi leurs défauts, leur singularité. Comme point de départ, les règles du jeu élaborées durant le premier volet, à parfaire au fur et à mesure. Un impératif non négociable cependant : l’abandon du psychologique ; il ne s’agit pas d’interpréter, mais d’être, de refuser la tyrannie du « tout rationaliser ».

 
 

Production La compagnie du Goudron et des Plumes
Coproduction La Maison des métallos et PBRT production
Partenariat Le Colombier (résidence de création).

 

PARCOURS PUBLIC / DANS LE CADRE DE LA RÉSIDENCE

Traces et effacements

Parallèlement, j’ai eu envie d’une autre forme d’interaction scénographique aussi ai-je invité Rafael Grassi (plasticien) à participer à notre travail.
Nous avons déjà collaboré étroitement sur Los enfermos d’Antonio Alamo. Rafael Grassi intervenait en direct tout le long du spectacle, mais en-dehors du plateau.
De nos entretiens se sont dégagées deux nouvelles pistes de travail, la première apparentée aux « one minute sculpture » d’Erwin Wurm, la seconde creusant davantage la notion de trace et d’effacement à travers des matériaux éphémères comme la craie ou le papier.

À propos de son oeuvre

Par Frédéric Bouglé (2007)
Directeur du creux de l’enfer / Membre de l’ACIA (Association Internationale des Critiques d’Art)

Un univers spécifique, quasi a-gravitationnel.
Avec la gestuelle alerte d'un grand violoniste qui maintient ferme son archet, Rafael Grassi-Hidalgo, artiste de la génération 70, mène un travail de recherche dans le champ de la peinture avec des expériences énergiques qui excitent l'intérêt. À partir d'une règle de composition du tableau savamment orchestrée, hybridée sur le principe historique du photomontage, l'artiste étonne dans son domaine en obtenant un univers spatial atypique, quasi a-gravitationnel.

Le vide aérien du papier ou du tableau.
Une fenêtre s'ouvrant d'avant en arrière, et d'arrière en avant.
Dans les créations graphiques et picturales de Rafael Grassi-Hidalgo, l'épaisseur et la dynamique spatiale sont générées par un vide aérien que l'on ressent sous les motifs peints. Il s'agit moins d'exprimer un monde intérieur (subjectif), qui prévaudrait à un monde extérieur (objectif), que de les confondre l'un à l'autre dans un mouvement vivant, fenêtre s'ouvrant d'avant en arrière, et d'arrière en avant.

Une journée au Colombier...

Par Rafael Grassi-Hidalgo / Septembre 2008)

Comme d'habitude lorsqu'une élaboration plastique est entreprise, le résultat n'en est aucunement garanti. Ce risque est ici autant plus présent, dans la mesure où différentes identités vont se frotter et s’affronter, avec l'objectif d'en produire une synthèse qui n'annihile pas les particularités fondamentales de tout un chacun.

Il faudra donc une alchimie bien subtile pour nous permettre, tous, d'atteindre cet état que Fellini nommait de " disponibilité " vis-à-vis de la forme à venir. Je m'en remets pour cela aux mains expertes de Mariapia Bracchi, avec qui j'ai déjà eu le privilège de jouer, et jouir, du théâtre depuis l'intérieur.

Le contenu et les modalités d'action de la journée Carte Blanche qui m'est proposée (je remercie d'ores et déjà le Colombier de bien avoir voulu se prêter au jeu) se définiront donc au long des semaines de préparation de la pièce "Chronique des jours de pluie". Pendant ce temps d'élaboration j'espère bien inscrire la trace de ma présence sur le travail de scène. En contrepartie, celui-ci ne manquera pas de faire autant avec mes œuvres.