Saison 2001-2002

DU 14 FÉVRIER AU 3 MARS 2002 / CRÉATION THÉÂTRALE

 
 

 
Avec
Sharon Amir
Olav H.Benestvedt
Lee de Long
Olivier Luppens
Jean Soumagnas

Assistante mise en scène
Pia Eriksson

Scénographie-costumes
Anne-Charlotte Vimont

Lumière
Marek Lamprecht

Chargée de production
Lysis Caruana
 
 
 
En coréallisation avec Le Colombier, Théâtre Bathyscaphe présente
 
VISAGE DE FEU
De Marius von Mayenburg
Traduction et mise en scène Mikaël Serre
L'Arche est éditeur et agent théâtral de la pièce
 

PROPOS / Mikaël Serre

Visage de feu présente une famille apparemment normale dans l'environnement quotidien du foyer. Tout débute autour d'un repas familial où parents et enfants s'entretiennent sans tabou ; on y parle même des menstruations de la mère.
Pourtant les parents, soucieux de comprendre leurs enfants, ne feront que les éloigner d'eux. Un jour une dispute anodine divise le nid familial. Les deux enfants se réfugient alors dans un mutisme avant de se constituer en conjuration, laissant ainsi derrière eux des parents dans l'incompréhension. Avec une énergie destructive Kurt et Olga transformeront l'harmonie familiale en désastre, où meurtre et suicide se révéleront comme seule issue.

 

Mes yeux s'arrachent le texte, il fusionne avec mes envies. Un théâtre à l'écoute de notre temps, qui parle le monde directement ; une écriture franche, amorale. Sur une jeunesse qui vit son devenir comme une humiliation existentielle.
J'entends ce cri agressif contre les souffrances de la naissance" du devenir de l'homme et de sa condition - qui n'a pas vécu ce sentiment du passage à l'âge adulte comme une trahison, un pacte rompu lâchement avec soi-même ? Les adolescents sont ce que nous fûmes et ce que nous sommes et les adultes sont ce que nous serons et ce que nous sommes, je sais que cette vision peut être tout aussi insupportable.
Visage de feu témoigne de cette époque aux réalités et aux sentiments flous qui nous animent et que nous fabriquons malgré nous. Le bien et le mal ont pratiquement disparu, ils se superposent, et pourquoi pas, nous ne pouvons plus vraiment être rassuré et peut-être n'en avons-nous pas besoin ? Complice ? Ce théâtre n'explique pas, ne propose pas de solution, lien immédiat, il agit, délivre en force nos vies de ses mécanismes de contrôle. II touche à l'émotion, aux "malades" de notre temps. Cette écriture fouille dans le sédiment de la vie et dans ses retranchements obscurs et propose de les mettre à jour sur scène dans un rapport frontal avec l’imagination comme moyen de faire filtrer une réalité profonde et énigmatique, dénuée de toute mécanique, avec le désir de laisser à l'homme la possibilité d'être insaisissable.
On peut entendre un peu partout comment l'homme se condamne et use des préjugés hâtifs et surtout je remarque sa capacité, épaulé par toute une panoplie de spécialistes, à avoir un avis sur tout, sans humour, traçant un portrait-robot de lui-même, comme s'il avait pour fin de le capturer. Ici nous sommes déroutés, et c'est une chance que de nous laisser voir l'homme comme un fugitif insaisissable. C'est un peu ça Visage de feu : une toile d'araignée de condamnés où des êtres fatigués côtoient ceux encore pleins d'espoir d'envol. Une manière aussi d'être spectateur autrement qu'au travers le prisme de l'épate des propos experts et intelligents qui nous envahit en ce moment.

 

Production Théâtre Bathyscaphe
Coproduction Théâtre de la Ville de Remscheid
Soutiens DRAC Île-de-France, Goethe Institut de Paris