Saison 2001
- Zarina Khan
- François-Xavier Frantz
- Valery Warnotte
- Alexandre Fernandez
- Galerie chez Valentin
Boris Achour
François Nouguiès
Noël Dolla
Bruno Rousseaud
Harald Fernagu
Hugues Royer
Vincent Labaume
Lou Label-rojoux - Claire Le Michel
- Gilles Sampieri - Création d'atelier
- Eugène Durif
Christophe Ramirez - Gaëtan Kondzot
- Axelle Mikaeloff
DU 5 AU 13 AVRIL 2001 / CRÉATION DE TEXTE
Samedi 7
et dimanche 8 avril
Projection du film
"Essabar"
- SOUVENIRS DES TRAGÉDIES DISPARUES
Quelle est cette porte à laquelle je me heurte
qui sans cesse me sépare de moi même ?
Sept guerriers assiègent les 7 portes de Thèbes. Le Roi, Etéocle, est le fils d'Œdipe et de Jocaste. A la septième porte, son frère Polynice attaque. C'est la guerre. C'est la violence de la guerre qui nous cerne.
Eschyle nous donne cependant les clefs qui ouvrent des portes plus cachées. A chaque porte, se joue un combat intérieur : les forces du chaos, les pulsions archaïques affrontent l'être qui se structure, les forces des dieux et du destin luttent avec l'homme libre.
Aux cinq premières portes, l'être se constitue, à la sixième, la conscience lève toutes les ombres.
A la septième, il a le choix.
Eschyle fait d'Etéocle, le premier personnage dramatique de l'histoire du Théâtre.
Eschyle a présenté "Les Sept contre Thèbes" à Athènes au printemps 467. "Les Sept contre Thèbes" étaient à la fin d'une trilogie qui commençait par Laïos et Œdipe, et s'accompagnait d'un drame satyrique sur la Sphinx. Mais il ne nous reste rien des deux premières pièces : seuls "Les Sept contre Thèbes" ont traversé le temps.
J'ai commencé par traduire "les Sept contre Thèbes" d'Eschyle. Sur le chemin du mot juste à trouver, du rythme à faire renaître dans une autre langue, 2500 ans se sont d'abord désintégrés: fulgurance du questionnement inchangé de l'être. Puis, le temps à nouveau a déposé sur ces premiers personnages dramatiques qui nous hantent toujours, les strates de réponses, ébauchées par les siècles, incomplètes, comme la trilogie d'Eschyle.
En traduisant la pièce, le manque des deux premières parties m'est cruellement apparu. A partir de la fin qui m'était donnée, et, comme un spectateur qui aurait vu la trilogie il y a 2 500 ans, je me suis "souvenue" des scènes les plus marquantes d'Œdipe et de Laïos. C'est ainsi que sont nés, sous la dictée du temps, "Les Souvenirs des Tragédies Disparues" qui viennent hanter le texte d'Eschyle comme il me hante.
Sept ans après avoir créé la pièce à la Cartoucherie de Vincennes à Paris je reviens vers " les sept " pour éclairer la nuit d’un monde toujours aux prises avec sa propre violence.
Zarina Khan est philosophe et femme de théâtre. Elle fonde en 1984 sa Compagnie de Théâtre qui, composée de peintres, musiciens et réalisateurs, monte des spectacles. En 1992, la Cie ouvre un département vidéo - Volk Productions, et un département Editions Volk.
Spécialiste des Droits des Enfants, Zarina Khan publie chez Nathan en 1991 Les Droits des Enfants dans la collection " Monde en Poche " et s’attache à défendre le droit à l’expression de l’enfant. En février 2000, paraît encore chez Nathan : Droits de l’homme, droits de l’enfant dans la collection " Mégascope ".
A partir du double apprentissage de la philosophie et du théâtre, elle crée une méthode d’ateliers d’écriture et de pratique théâtrale qui concerne tous les cycles de l’enseignement, des écoles maternelles jusqu’aux universités. Elle ouvre ainsi des espaces de questionnement et de création et élabore un réseau d’ateliers à travers le monde pour favoriser la rencontre des cultures.
En 1993, elle monte l’opération " Théâtre et Liberté dans la guerre " et crée un atelier d’écriture et de pratique théâtrale à Sarajevo qui donne le jour au Dictionnaire de la Vie, publié en français, anglais, bosniaque, espagnol et allemand aux Editions Volk. Créé à Sarajevo, ce texte est monté dans 70 villes de France et du monde, traduit en 21 langues.
" Le Dictionnaire de la Vie " est parrainé par le Ministère de l’Education Nationale et a les auspices de l’UNESCO dans le cadre de l’Education à la Citoyenneté. La tournée du Dictionnaire de la Vie continue à travers le monde, marquant ainsi la présence d’un théâtre que Zarina Khan veut " politique " au sens antique du terme, un théâtre qui participe à la vie de la cité au niveau thérapeutique et social, et met en valeur la responsabilité civique de chacun.
En 1995, elle est invitée par l’Unesco à participer en tant qu’Expert pour la Culture de la Paix, aux travaux concernant l’Education à la Paix et le Processus de Paix dans le monde. La même année, la Cie Zarina Khan devient organisme de formation, et Zarina Khan forme des intervenants de différents horizons, psychologues, enseignants, comédiens à sa méthode. Des ateliers Zarina Khan, axés sur la découverte de soi et l’apprentissage de la démocratie, s’ouvrent ainsi dans différentes villes d’Europe.
En 1996 elle vient au cinéma et prépare en atelier avec François Stuck, réalisateur et scénographe, un long-métrage avec des jeunes de Seine Saint-Denis, ADOS AMOR, réflexion d’une jeunesse qui se décrit elle même, dans sa quête d’identité, son désarroi et son espoir. Terminé en mars 1997, le film est programmé dans les salles de cinéma et Zarina Khan est chargée de mission par le Ministère de l’Education Nationale pour l’Action ADOS AMOR " Prévention de la violence et des conduites à risques à l’école et dans les quartiers " qui se déroule sur la base d’ateliers, formations, débats-rencontres.
PARCOURS PUBLIC / AUTOUR DE LA CRÉATION
SAMEDI 7 AVRIL À 17H ET DIMANCHE 8 AVRIL À 14H30
"Essabar ou l'abri de l'être" de Zarina Khan
Un projet, une mission, un voyage pour des personnes en stage d’insertion : construire une école itinérante, dans le désert, chez les Touaregs.
Pour Tita, Chantal, Nunja, Grégory et tous les autres, la première traversée est intérieure. Le désert, qu’est-ce que c’est ? Dans l’atelier d’écriture chacun explore son propre paysage. Le désert, c’est le vide qui menace et dont nous cherchons chaque jour à repousser les limites, c’est l’abandon, l’errance, l’absence de repères, l’absence de la mère, c’est le défilé des hommes et des femmes qui font semblant de faire les gestes de la vie.
Le voyage intérieur ouvre sur le désert, au nord du Mali.
Depuis les accords de 95, la fraction des Touaregs d’Echag s’emploie à consolider le " bain de paix ", par l’éducation. Les instituteurs de l’école sont des maliens sédentaires ; ils ont fait le choix de suivre les nomades du désert, " pour que l’école soit le puits, l’eau, et qu’elle puisse abreuver de connaissances le plus grand nombre d’enfants ".
Au sein du groupe, chacun formule sa rencontre avec le désert. Traversée d’un espace où l’avoir est réduit au strict minimum, où il s’agit d’être, enfin, c’est l’histoire d’Essabar. Chacun s’interroge, sur le sens de l’école, sur la construction de la paix, chacun tente de devenir acteur, de la modification de soi et du monde. Nunja renoue avec l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, Tita puise dans ses origines algériennes et offre des mots de paix, Grégory avance dans la recherche de la réconciliation. Enfin Chantal surmonte son handicap, dit sa douleur de la différence, et sa joie d’être utile.
Le sujet
Essabar, c’est une natte tressée avec la paille fragile du désert. Elle se déroule pour abriter le feu du vent, pour protéger du froid les voyageurs qui s’arrêtent sous les étoiles. Elle devient, le temps des haltes, le seul repère dans l’immensité de sable. Essabar, c’est l’abri que l’être se tresse lui-même lorsqu’il n’a plus d’autres références que le ciel au-dessus de sa tête et la terre à fouler de ses pas.
De jeunes adultes explorent leur désert intérieur lors d’ateliers sur la plate-forme d’insertion de Romans dans la Drôme. On les retrouve dans le désert du Mali chez les Touaregs, confrontés à un espace où l’avoir est tellement restreint qu’il s’agit d’être, enfin. La rencontre entre ces exclus du système et des hommes libres est le sujet du film. Permettre à chacun de tresser son abri intérieur, de dérouler les " Essabar " pour relier l’immensité des solitudes, en est le pari.