Saison 2023/2024

CRÉATION DE TEXTE
DU 7 AU 11 NOVEMBRE 2023

Du mardi au samedi à 19h30 / Relâche le jeudi soir
Représentations scolaires jeudi et vendredi à 14h30 / Accessible collège-lycée
 

© Cie Liria

 
 
Avec
Brahim Ahmadouche
Sabrina Bus
Asma Messaoudene
Jeanne Guillon-Verne
Simon Pitaqaj

Assistant à la mise en scène
Henry Lemaigre

Dramaturgie
Jean-Baptiste Evette

Création musiques
Victor Pitoiset

Création lumières
Flore Marvaud

Scénographie et décors
Julie Bossard
 

Mardi 7 novembre 2023
Rencontre

Avec Simon Pitaqaj
et l'équipe de création
À l'issue de la représentation
 
En coproduction avec Le Colombier, la Compagnie Liria présente
P'TIT JEAN LE GEANT
 
Écriture et mise en scène de Simon Pitaqaj
Texte lauréat de l’Aide nationale à la création de textes dramatiques Artcéna
 
 

« Je viens d’un pays qui n’existe plus. Ce pays c’est la Yougoslavie. »

Vingt ans après la fin du conflit, les anciens combattants, les criminels de guerres restent toujours impunis alors que les blessures restent ouvertes, que la douleur continue. Certains sont morts, d’autres sont libres et mènent une vie opulente. Ces anciens criminels de guerre sont protégés par des politiciens corrompus, sont devenus intouchables et peuvent circuler et vivre partout dans le monde à leur guise.
P’tit jean le Géant est un ancien général-criminel de guerre qui a fui son pays et qui a fait le choix de vivre comme un anonyme. Il va essayer de prendre la posture d’un citoyen du monde, se fondre dans la masse. Cet homme, pourtant, lutte entre sa vie antérieure/intérieure et le désir de normalité. Les horreurs qu’il a commises lui restent en travers de la gorge. Dévasté, il n’arrive ni à les digérer ni à les vomir. Les fantômes le hantent. Les femmes cousues, les rescapées, les sacrifiées ... sont là, pour lui rappeler ses crimes.

Simon Pitaqaj raconte l’héritage de nos ancêtres, la guerre, la violence, le génocide qui est ancré dans notre peau, dans notre mémoire. Nous sommes conscients, nous luttons contre, mais nous sommes incapables de nous débarrasser de cette mémoire. Notre regard est tourné à la fois vers le passé et le futur. Cela fait de nous des hommes et femmes en transit. Incapables d’agir. Le futur est-il pour celui qui ose sortir de ce transit ?

 

Note d'intention / Simon Pitaqaj

J’ai quitté mon pays, à 15 ans, en plein conflit. Incapable de faire la guerre ou trop capable ? Enfant soldat ou enfant fuyard ? Un vrai combattant ou un vrai innocent ?
Je débarque en France, en Seine-Saint-Denis, à Aubervilliers. J’ai rencontré Ibrahim le géant, l’algérien, un ancien basketteur international.
En 1995, il a fui le terrorisme. Nous sommes devenus amis.
Ibrahim est-il un ancien sportif ou un ancien terroriste ? A-t-il fui le terrorisme ou l’état qui le combat ? Que cherche-t-il ? Que cherchons-nous ? Pourquoi la France ? Réaliser un rêve ? Sauver notre peau ? Quelle est notre vie passée ? Avons-nous commis des crimes ? Combien, lesquels ? Sommes-nous deux minables ou deux criminels ?
Depuis trente ans que je vis en France, partout où je me retrouve on me renvoie à ces questions : qui suis- je, qui étais-je, d’où je viens, ai-je fait la guerre ? Ces questions résonnent en moi, me poursuivent, me font douter, je commence à vriller et me dis : peut-être qu’au fond de moi je suis un criminel ou que j’aurai pu le devenir ! Combien de fois (dans mes rêveries, peut-être) je me suis dit que j’aurais dû faire la guerre, aider mon pays, mon peuple, me venger des crimes commis.

Toutes ces questions habitent ces deux personnages, le récit se mêle à la fiction. Ici, il est question de gens qui ont commis des crimes, des actes barbares et qui ont fui leur pays pour construire une vie ailleurs, une vie anonyme. Est-ce si évident ? Nous sommes à la limite entre des hommes banals et des monstres. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? L’humain est capable de monstruosités. Certains ont des regrets, d’autres non. C’est avec cette dualité entre crime et innocence, passé et présent, vie et mort, victime et bourreau, récit et fiction que nous nous sommes confrontés. Nous allons raconter notre enfance, notre vie, nos rêves. Nos fantômes prendront place et s’exprimeront.
Cette pièce est un cri qui ne sort pas, qui germe en nous. A nous d’offrir la lumière à cette racine étouffée.

 

Production Compagnie Liria
Coproduction Théâtre Le Colombier (Bagnolet), Théâtre de Corbeil-Essonnes
Soutiens Artcena (aide à la création), Région Ile-de-France, Département de l’Essonne, La Fonderie (Le Mans), Les Laboratoirs d’Aubervilliers, l’amin théâtre - TAG

 

Simon Pitaqaj « P'tit Jean le Géant » from ARTCENA on Vimeo.

PARCOURS PUBLIC / Gratuit sur réservation

 

 
 
 
Gratuit sur réservation

SAMEDI 11 NOVEMBRE À 18H

 
Lecture de L'HOMME TRANSIT
Texte inédit de Simon Pitaqaj
 

L’homme transit est l’histoire de trois personnages.
L’enfant du pays, jeune, homosexuel, dynamique, issu des quartiers (les Tarterêts). Il est né en France et néanmoins a reçu une éducation de son pays d’origine, le Mali. Il est français, mais noir. Il ne se sent pas chez lui en France, notamment à cause du regard des autres, des français blancs. Il est révolté contre l’éducation de ses parents. Il veut rompre cette filiation, mais n’y arrive pas. Il est aussi révolté contre son pays de naissance.
L’ancien, un « bledard » désillusionné. Il vit en France depuis plus de cinquante ans et son regard est toujours tourné vers son pays d’origine (pays non défini). Il ne s’est jamais senti chez lui. Il a toujours vécu avec l’idée de rentrer un jour dans son pays d’origine. Il a l’impression de vivre avec « sa valise ». Il ne s’est jamais installé nulle part. Il est seul. Ses enfants ne suivent plus son envie, celle d’un futur retour. Il ne comprend plus ses enfants.
Le raciste blanc, jeune, dynamique. Il n’aime pas les noirs. Il se sent déraciné dans son propre pays et ne se sent plus chez lui. Il ne peut pas supporter l’idée d’être au même niveau qu’un noir. Il a pourtant essayé de se rapprocher d’eux, de les connaître, de les comprendre mais il n’y arrive pas. II pense qu’ils doivent tous retourner dans leur pays. Pourtant, il est convaincu que la France a besoin d’eux.
Ces trois parcours de vie se croisent, s’entrelacent, se tissent de fil en aiguille. Les trois personnages se retrouvent dans cette incapacité d’agir, sont dans une situation sclérosée, ils vivent en transit. Ils voient leur avenir comme un gouffre. Ces trois parcours de vie racontent le quotidien d’une certaine France d’aujourd’hui.