Saison 2023/2024

CRÉATION DE TEXTE
DU 6 AU 10 FÉVRIER 2024

Du mardi au samedi à 19h30 / Relâche le jeudi soir
Représentation scolaire jeudi à 14h30 / Accessible collège (3e)-lycée
 

© Stephan Weyer

 
 
Avec
Pearl Manifold (comédienne)
Marion Sicre (chanteuse lyrique)
Brigitte Tsafack (comédienne)
Heza Botto (comédien)

Traduction anglaise
Collaboration artistique
May Hilaire

Composition musicale
Roque Rivas

Composition et création sonores
Eve Ganot

Création lumière - Régie générale
Cécile Robin

Administration et production
Yohan Rantswiler

Production et diffusion
Florence Francisco
Gabrielle Baille
Les Productions de la Seine

Relations presse
Olivier Saksik
Elektronlibre
 

Mardi 6 février 2024
Rencontre

Avec Laure Bachelier-Mazon, Anne Monfort et l'équipe de création
À l'issue de la représentation
 
En coréalisation avec Le Colombier, day-for-night présente
HOW FAR
 
Écriture Laure Bachelier-Mazon
Mise en scène Anne Monfort
 
 

How far circule entre plusieurs langues, plusieurs pays, et travaille sur la superposition des paysages et des époques.

Suzanne roule sur l’autoroute A3 en Seine Saint Denis, au volant d’un vieux break Peugeot. Elle s’arrête pour vérifier la pression des pneus, la station est déserte, fermée pour démolition. Un homme apparait, il garde les lieux. Des images émergent sans prévenir. Suzanne s’en va, roule, revient. Amadi n’est pas toujours gardien en banlieue parisienne, c’est un jeune réalisateur nigérian venu explorer les archives du fonds Jacques Foccart, conseiller de De Gaulle aux affaires africaines, pour son documentaire sur le Biafra. Au fil des jours, ils cherchent, s’accompagnent et inventent un petit protocole pour visiter le passé de l’autre. Dans ce chantier périphérique, les paysages se superposent, les mémoires et les temporalités circulent le long d’une flaque de gasoil aux pouvoirs étranges qui s’étend sur la station. Entre réalité et fiction, ils essaient de voyager dans la mémoire de l’un et de l’autre.

 

Propos / Anne Monfort

How far signifie « bonjour comment ça va » en pidgin nigérian ou « à quelle distance» en anglais britannique. Et c’est de la distance que traite ce texte, de la périphérie, et du vivre-ensemble. Le texte de Laure Bachelier-Mazon travaille sur les rythmes, les sonorités, le mélange des langues, l’histoire et l’actualité. Il s’agit là de travailler sur une appropriation du passé et du présent, de la langue de l’autre. Ouvrir un espace de la rencontre. Brouiller les géographies. Mêler les langues, le français, l’anglais, le pidgin.

How far est né en périphérie nord de Paris sur un dictaphone installé sur le tableau de bord de l’autrice. La route est devenue le moteur de l’écriture, elle a peu à peu tracé des liens entre paysage et sensations, document et fiction, personnages et mémoires. Le contrepoint fixe à cette géographie mouvante n’est pas une certitude à laquelle s’accrocher mais une station désaffectée où s’invente un quotidien bricolé et une familiarité ouverte à la magie.
En transparence apparaissent une exploitation industrielle à cheval sur deux continents, une communauté d’expatriés suspendus au rêve colonial et les éclats d’une guerre qui, au Biafra, a questionné en 68 les frontières tracées par la Conférence de Berlin. Entre récit et dialogue, le texte suit une logique musicale et fragmentaire où passé, présent et avenir deviennent poreux ; où les géographies se brouillent. Ayant grandi au Nigéria durant une période troublée, l’autrice s’intéresse à la question de l’histoire, à ses silences et à la manière dont l’écriture peut éclairer les angles aveugles des récits et des regards hérités. Cette attention à l’histoire est centrale dans les créations de la compagnie day-for-night et nous voulions poursuivre notre collaboration en travaillant sur un territoire imaginaire encore hanté par l’imaginaire colonial et participer ainsi à déplacer le regard.

Le texte How far a été lauréat du festival Convergence plateau, dirigé par Hakim Bah qui a d’emblée mentionné la résonance possible de ce texte sur le continent africain. La compagnie day-for-night et la compagnie Feugham dirigée par Kouam Tawa se sont associées pour une collaboration artistique incluant notamment la distribution de How far, réunissant une actrice de la compagnie day-for-night et un acteur de la compagnie Feugham, tous deux bilingues anglais-français et une réflexion commune sur le rapport aux langues. Nous partageons avec le La’akam le goût de langues multiples sur les plateaux, particulièrement sensible au Cameroun, dans des créations où langues dominantes, langues régionales, jeu sur la traduction résonnent, dans une poétique musicale. How far fait dialoguer le français, l’anglais du quotidien parlé au Nigéria et quelques bribes de haoussa parlé aussi à l’ouest du Cameroun. Il nous semble aujourd’hui important de défendre une francophonie ouverte à ce tressage des langues. Et de défendre un processus de création où la mise en scène comme l’écriture s’inventent à partir d’une collaboration artistique et des rencontres inscrites dans les étapes de travail y compris avec les amateur.ice.s.
Nous avons voulu monter ce projet ensemble, avec une résidence à Bafoussam et une création sur place. How far poursuivra sa route ensuite à l’Arojah Royal Theater d’Abuja dans une version traduite en anglais.

 

Production day-for-night
Partenaires Compagnie Feugham et le La’akam (CM),Univers des mots (GN), Arojah Royal Theatre (NG)
Coproduction GRRRANIT, Scène nationale de Belfort, Centre dramatique national Besançon Franche-Comté
Soutiens Théâtre Le Colombier (Bagnolet), Théâtre Public de Montreuil – Centre dramatique national, résidence de création au Grand Parquet, maison d’artistes du Théâtre Paris-Villette, Institut français de Paris, CITF

PARCOURS PUBLIC / Gratuit sur réservation

 

 
 
 
Gratuit sur réservation

SAMEDI 10 FÉVRIER À 18H / LECTURE

 
LA MIGRATION DES COEURS (les hauts de hurlevent)
Librement inspiré de Maryse Condé et Emily Brontë
Conception et mise en scène Anne Monfort
Avec Judith Henry et Coralie Méride
 
Première étape de travail de la prochaine création de day-for-nigth

Adolescente, puis adulte, j’ai été accompagnée par le roman d’Emily Brontë, puis par sa réécriture par Maryse Condé, La Migration des cœurs. J’ai été frappée par l’analyse impeccable des processus de vengeance, de réparation, au-delà de toute question morale, les fantômes qui circulent dans les paysages anglais comme en Guadeloupe, dans ces territoires où les éléments dominent, dans leur bruit et leur fureur. Le spectacle mêlera les deux générations créées par Brontë, les personnages de Maryse Condé, et les langues des deux autrices.
Anne Monfort