Saison 2024/2025

LES CRÉATIONS

CRÉATION DE TEXTE
DU 26 AU 30 NOVEMBRE 2024

Du mardi au samedi à 19h30 / Jeudi à 14h30 / Relâche le jeudi soir
 

© Marc Garcia Coté

 
Acheter vos billets
 
Interprétation
Anne Sée

Dramaturgie et accompagnement
à la mise en scène
Yvette Vigatà

Assistante à la mise en scène
Aina Tomàs Martorell

Espace et costume
Marc Garcia Coté
Yvette Vigatà

avec le regard de
Nicolas Fleury

Lumières
Maurici Macian-Colet

Musique originale
et espace sonore
Bruno Ronzani

Régisseur
Maurici Macian-Colet
 

Mardi 26 novembre 2025
Rencontre

Avec Marc Garcia Coté
et l'équipe de création
À l'issue de la représentation
 
En coproduction avec Le Colombier, la Compagnie Mise en lumière présente
LA CLAMEUR DU VIDE
 
Écriture et mise en scène de Marc Garcia Coté
 
 

Dans La clameur du vide une femme essaie, par les mots et le regard, de sauver un homme qui semble sur le point de se défenestrer. Tous deux se font face, des sixièmes étages de leurs appartements parisiens, séparés par leur rue et par le vide. Elle ne s’y attend pas, bien évidemment, même si elle semble attendre l’inattendu depuis des années, et dans cet instant suspendu, au bord du précipice, elle doit créer un lien pour retenir l’homme en attendant les secours. D'emblée elle lui parle maladroitement mais petit à petit, au fur et à mesure que son discours avance, quelque chose semble apaiser l’homme, ou du moins l’immobiliser. C’est à travers lui, à travers l’Autre, qu’elle va trouver un chemin vers elle-même jamais envisagé auparavant. C’est aussi à travers lui qu’elle va peut-être réparer un moment enfoui de son passé qui, soudainement incarné par cet homme au plus fort de son désespoir, resurgit à nouveau dans le présent. La possibilité d’un autre espoir pour chacun d’eux.

 

Propos / Marc Garcia Coté

Ce texte surgit d’une nécessité de traduire en mots une expérience similaire et bouleversante ; au milieu d’une journée ensoleillée de printemps d’il y a presque dix ans, un homme a voulu se jeter dans le vide du sixième étage en face de moi, de l’autre côté de notre rue. En le voyant accroupi, presque en équilibre sur le rebord de sa fenêtre, j’ai immédiatement appelé les secours et une voix de femme m’a alors intimé de lui parler sans relâche et surtout sans aucun mot qui pourrait le juger ou même le culpabiliser de quoi que ce soit. Simplement créer un lien le temps qu’ils arrivent. J’ai alors commencé à lui parler, malhabile, sans savoir vraiment ce que je disais. J’ai d’ailleurs oublié tout ce que j’ai pu dire. Le temps s’est arrêté devant l’effraction urgente de l’instant. Tout avait disparu, la rumeur de la ville, le tohu-bohu des passants spectateurs… simplement à travers ses yeux, j’ai compris qu’il savait que j’étais là et qu’on était deux et que je ne pouvais dès lors pas dévier mon regard. Je sais que la parole me poussait, qu’à partir d’un moment je n'étais plus maître de ce que je disais, qu’une sorte de frénésie m'habitait, la contrainte de ne pas parler de lui, de ne pas chercher à savoir, agissait. Je lui ai parlé de moi, sûrement, peut-être des quelques nuages disséminés qui nous survolaient, j’étais dans un état second. Ses gestes, ses petits mouvements, devenaient alors pour moi comme des événements qui me poussaient à continuer de lui parler. Quand parfois il semblait reprendre son élan pour se laisser tomber je parlais plus fort, ma voix s’échappait comme un cheval fou. Les pompiers sont arrivés avec leur baudriers par le toit de l’édifice et c’est à ce moment-là qu'il s’est laissé tomber mais, au dernier moment, il s’est agrippé à la gouttière. Son voisin d’en dessous a vu sans rien comprendre des jambes affolées qui se balançaient devant sa fenêtre. Il l’a ouverte, il et il l’a happé comme si de rien n’était, comme lorsqu’on cueille le fruit mûr d’un arbre. J’étais soulagé mais terrassé. Et je suis resté sur mon balcon en criant aux pompiers qui pensaient au pire qu’il était en fait dans l'appartement d’en dessous. Après, plus rien. Je suis encore resté. J’ai vu depuis mon balcon l’ambulance s’éloigner. J’ai senti comme un grand vide. Le lendemain je suis descendu et j’ai demandé à la brasserie d’en bas s’ils le connaissaient, s’ils savaient où il était. Personne n'était au courant de rien. Personne. Comme si jamais personne ne l’avait croisé. Comme un fantôme. Je n’ai plus revu cet homme. L'appartement a été vidé puis occupé par d’autres habitants peu de temps après. La vie a repris son cours à une vitesse impressionnante.

 

Propos / Anne Sée

Ce qui m’a frappé énormément c’est ce que cette femme projette et comment, par la grâce de ce moment, tellement de choses d'elle-même se révèlent. Ce que je trouve très beau, ce sont toutes les conséquences de la mise en résonance d'une souffrance avec une autre souffrance. Le fait qu'elle ose décliner cette souffrance et le fait d'agir. Cela me fait penser à la philosophie de Vladimir Jankélévitch sur la question de ce que c'est d’agir. Le fait d'agir ce n’est pas quelque chose qui se justifie. Le fait de passer à l’action ou de sauter dans le vide, tout ce que ça implique n'est pas raisonnable. La thématique de la pesanteur et de toute la fantasmagorie qui se développe sur une relation qui pourrait naître. Il n'y a rien de conventionnel. C'est vraiment une parole qui se risque.

 

Production Mise en Lumière (Mathilde Mottier et François Vila)
Coproduction Théâtre Le Colombier (Bagnolet), Le Vent Des Signes (Toulouse)
Soutiens Festival Oui (Festival de théâtre en Français de Barcelone)
Remerciements Kateryna Krokha, Akseli Koskela, Judith Perrignon, Ruth Orthmann, Mathilde Ryelandt, Manon Adolphe, Théâtre Dau al Sec (Barcelone), Le 6 B, Amayack ( Association Tout est un ), Michel Martinez et Le Centre d'Études Catalanes de La Sorbonne, Anne Monfort, Laure Bachelier-Mazon, Oriol Roca.

 

PARCOURS PUBLIC / Gratuit sur réservation

 

 
Billetterie en ligne
GRATUIT SUR RÉSERVATION

SAMEDI 30 NOVEMBRE À 18H

 
Lecture de FIN DE VIE ET FIN DE MORT DE MARIANNE
Texte inédit de Marc Garcia Coté
Lu par Stephen Butel et Jade Ordoñez
 

...On vend le meilleur jambon. Le plus naturel. Le plus bio, le plus machin-truc. Ça vient de très loin. Et s’il neigeait ? Il habitait chez les patrons. Pas chez eux, mais dans un petit appartement au-dessus de chez eux. Un petit quelque chose qui servait à loger les serveurs du resto et du marché. Mis à part le poste du marché ils ont aussi, à deux pas, un mignon petit restaurant. Bien décoré. Il habitait là-haut. Dans l’appartement. Mais il ne parlait pas aux voisins. Il va neiger. Les nuages s’entremêlent d’une drôle de façon, aujourd’hui. Il regardera les flocons tomber minutieusement. Peut-être que c’est comme ça qu’il apprendra la langue. Flocon par flocon. Il ne neige pas souvent, ici, mais c’est comme ça qu’il apprendra peut-être un jour la langue ...