© Diane Arbus
Notre actualité et nos utopies jusqu’à l’affrontement
En mai 2000, la compagnie Langajà Groupement inaugure Le Colombier. Cet espace est destiné à une mise en mouvement des potentiels de l’écriture, et des pratiques liées au théâtre et à la danse. Depuis son ouverture, Le Colombier met en parallèle différentes écritures scéniques, théâtrales et chorégraphiques, en favorisant l’implication de ces démarches dans des partenariats et réseaux départementaux et régionaux, en convention avec le Conseil Général de Seine-Saint-Denis, le Conseil Régional d’Île-de-France et la Municipalité de Bagnolet.
La traduction poétique du réel est un art qui se construit sur l’instable : faite d’actions réciproques entre auteurs, acteurs et publics, tous présents dans les processus d’écriture du théâtre. Peuvent ainsi naître sur la scène les formes inconnues, hybrides, parfois incontournables comme impulsions directes de nos perceptions face à la crise et au dérèglement.
C’est par le groupement de compagnies, théâtrales et chorégraphiques, que nous concevons l’identification d’un théâtre dit contemporain. Contemporain, s’il est en perpétuelle révolution avec sa recherche et implique pour quelques découvertes : l’instinct et le risque de l’expérimentation singulière des projets sur la scène.
La mise en scène des écritures nouvelles nous propose de faire co-exister notre actualité et nos utopies jusqu’à l’affrontement. Ne plus être sourd aux évolutions rapides de la société et se motiver à engager nos convictions respectives vers la création de nouveaux modèles.
Les artistes auxquels nous nous associons ont choisi de se destiner au partage et à la reconnaissance de ces écritures. Nous organisons leur présence au Colombier comme une expérience de groupement de tentatives. Réussir à mettre en œuvre avec notre équipe, et avec le public une étape de leur recherche.
Il est urgent après ces dix années de précarisation, conséquentes aux politiques menées par les précédents ministères, de donner un véritable espace de parole aux acteurs de terrain, aux créateurs de l’urgence. De prendre conscience que les lieux émergents ne sont pas des structures dévissées de la profession, mais prennent part aux évolutions du réseau de diffusion. Ils sont complémentaires pour les artistes et le public, donc en adéquation avec les plus grosses structures. Dans ces dispositifs, ils proposent de véritables temps de « respirations » pour les artistes qui se lancent sur des projets difficiles ou non identifiés.
Nous voulons en tant que compagnie, participer et oeuvrer à l’existence d’un réseau d’auteurs, d’un champ indépendant de représentation de projets qui constituerons, eux aussi, le théâtre de demain. Affirmer l’existence d’espaces créés par les artistes pour favoriser une marge de contradiction et d’expérimentation possible. Créer par l’échange d’expériences et d’outils de recherche, un champ de production plus décentralisé, où l’on puisse se confronter à l’expression réelle de l’émergence.
Gilles Sampieri