© August Sander
Si demain l’art vivant se limite à quelques intentions esthétiques contemporaines, ou à devenir le conservatoire d’un héritage exclusivement national. Plus que sa mémoire et ses nouveautés, nous perdrons la transmission vivante de ses principes et de son évolution par de nouveaux artistes, de nouveaux publics.
Seule l’éthique de véritables aventures de compagnies peuvent transmettre avec passion l'émergence d'une contre-culture, et nous réunir face à l’affaiblissement des missions civiques confiées au spectacle vivant.
Quant au protectionnisme de tout bord, il n’est pas de mise pour communier avec le public. Avant de quantifier la " qualité " des artistes contemporains français, nous voulons vivre et interroger directement les projets, dans leur progressivité publique. Plus à la source de l'acte d'écrire, de témoigner. Que le rituel scénique puisse agir sur nos vies et répondre à temps aux situations politiques qui secouent notre pays. Au moment où la démocratie donne des signes de faiblesse, nous avons encore le choix ; mais la lenteur, l'empêchement, et les frustrations sont à la base de la violence des sociétés d'aujourd'hui.
La culture vivante, elle, progresse sans cesse de ses métissages. Nous avons à la reconnaître aujourd’hui du saut de notre action. Comme sur la scène, chaque fois recommencer vers un point au-delà du politiquement acquis. Le spectacle vivant n’est ni une permanence ni une intermittence, mais un projet de vies concrètes. Un engagement passionné avec le public contre la monothéisation des divertissements, qui nous pousse à réinventer ensemble les espaces d’expressions libres ou minoritaires.
Vers la force d’émulation entre les écritures, les projets et le potentiel de collaboration entre les équipes, nous nous engageons pour une nouvelle saison qui réunira chorégraphes, metteurs en scène et auteurs. Le groupement de ces événements a été envisagé vers la mixité des pratiques. Un croisement des outils de création et des convictions sur la scène, au cours de réunion avec les publics.
La présence des compagnies à la première de chaque création, leur participation aux journées de rencontres, plateforme finale entre auteurs et chorégraphes… Tendent à laisser raisonner la totalité des possibilités du spectacle vivant. C'est-à-dire non quantifiables sur le papier, mais toujours tributaire d'une présence plus large et inattendue des artistes à leur rendez-vous d'échange avec les spectateurs. Nous souhaitons nous libérer des autocensures. Car nous avons besoin de toutes nos forces pour rendre possible le processus de nouveaux langages. Vivre et alléger cette situation en actions. Dans ce mouvement où nos intuitions imaginaires forcent la surprise des formes.
Les compagnies sont simplement à la recherche de mouvements synchronisés avec leur public. Car chaque artiste crée son public. Ceux-ci s’ajoute à d’autres déjà existants, et constituent les nouveaux publics des lieux indépendants, puis institutionnels. Nous n’avons donc pas à répondre à une demande consumériste de spectateurs imaginaires, mais affirmer que les compagnies, en fonction de leur direction artistique, agissent de front avec les publics et les rassemblent. C'est à la recherche de ce mouvement dynamique primordial à la vocation théâtrale, que nous arrivons à travailler dans le type d'économie faible que l’on nous réserve actuellement.
La visibilité médiatique des spectacles vivants est aujourd'hui difficile. Néanmoins persiste des artistes qui, sans accepter cette économie au rabais, choisissent d’affirmer la pertinence de groupement d'artistes. À déterminer ensemble ce qu’est, et ce que deviendra, leur profession. Rassemblement qui vise, entre autre, à pousser la curiosité de l'état et la confiance de la profession, vers des lignes de créations plus risquées et inattendues.