Comment s’adresser à un grand public quand on pratique un art qui doit partager, contredire, et faire banquette dans l’espace politique ?
A quoi servons nous? A rien... s’interrogent certains responsables, et tant mieux. Continuons à ne servir à rien. Joyeusement. Avant d’attendre le jour où heureux nous servirons à quelque chose. Servir à quoi? Nous avons servi à vendre, à éduquer, à élire, à porter les idéologies. Mais rien ne marche, le théâtre veut rester seul, riche et malade. Rien ne le raisonne que les traitements des plus riches cliniques. Donc rempli d’espoir en son rétablissement, en attendant ce on ne sait quoi de réforme mieux vaut frapper encore le malade. Servir le théâtre quand il est malade, qu’il conserve à travers sa mauvaise santé (dont jadis Molière nous parla) cette altérité et ce manque d’entrain consensuel. Servir celui qui sur son lit de mort se dit libre, et responsable de lui même. Accepter ces espaces politiques libres et vides d’ordonnance.
Et puis crie-t-il seulement dans le lit douillet de sa fièvre contemporaine ? Public- artiste/ Nous cherchons-nous vraiment derrière les bornes de la critique ?
Car ne servir à rien demande quoi qu’on en dise beaucoup d’argent, de papiers et de bilans justificatifs. Dans ce violent rallye des répétitions le théâtre malade passe encore de mains en mains, de sueurs froides en massage cardiaque répétés. Le théâtre encore une fois inconnu à lui même et à son époque, est couché là, loin de l’impression des notes d’intention, se foutant de la pile des dossiers afin de ne pas nous avoir fait trop aisément “servir à quelque chose”. Ce grand malade a la mission de nous contaminer depuis vingt-cinq siècles. Tous à vos masques, et pour veiller encore une fois le mort, nous vous reconnaitrons... Ni dénoncer, ni prescrire, dévoiler publiquement les écritures. Et si la contamination poétique approche tant mieux.