Saison 2014/2015

LE JANVIER 2015 À 17H30 / Lecture - Texte inédit

 
 

En partenariat avec Le Colombier, la Cie En Déliaison présente

DÉCHIREMENTS
Texte et Mise en espace Cyril Hériard Dubreuil

Avec
Eric Challier
Alice Carel lit le rôle qui sera tenu par Julie Brochen
Odile Cohen
Clémentine Bernard
Elise Lhomeau
Antoine Reinartz
Cyril Dubreuil
 

Une société, un futur/
Dans cette société, les hommes ne meurent plus que de vieillesse ou d'accident. L'inceste n’est plus prohibé. La vie est considérée comme le bien le plus précieux car dans cette société humaine où la mort se fait rare, le taux de naissance est extrêmement bas. Le crime, et surtout le suicide, ont été définitivement éradiqués grâce à une modification du génome humain : quand un certain faisceau de neurones s’activent dans le cerveau de celui qui a l’intention de commettre un crime ou un suicide, survient alors une crise d’épilepsie violente qui protège l’individu de tout passage à l’acte. Après une première tentative de suicide, l’individu est placé sous surveillance, - la Médiation -, mais reste libre de ses actes. À la deuxième tentative, il est enfermé à vie.
Tommy est un homme d’une trentaine d’années, suicidaire. Aglaé, une petite fille de 6 ans, également suicidaire. Tommy commet une première tentative. Échec. Un homme de loi, le Médiateur, suit son cas. Aglaé commet une première tentative. Réussite. Pourquoi ? Le Médiateur essaie de lutter contre ces parias suicidaires, mais il se sent lui-même gagné peu à peu par un dégoût de la vie contre lequel il se trouve désarmé.


Déchirements est le deuxième volet du « Cycle des Révolutions passives », initié avec la pièce Désorganisés.
Avertissement sur le terme Révolution Passive : ce terme est l’assemblage de deux mots de sens opposés : révolution et passive. Le mot révolution donne l’idée d’un bouleversement. L’adjectif passive donne l’idée que ce bouleversement ne provient pas d’une impulsion volontaire, mais au contraire, qu’il est subi.
Le vagabondage, le suicide, l’automutilation, le masochisme, la boulimie-anorexie, l’addiction aux drogues, le hikikomori ou la dépression, sont des exemples de ces révolutions passives.
Toutes ces atteintes à la personne, perpétrées par elle-même sur elle-même, imposées par des forces qui la dépassent, sont une façon de retirer le corps de la fonction sociale que l’on voudrait lui assigner : être un outil de travail, un outil de reproduction, ou tout autre outil "utile" à la société. Il en va de même pour la violence gratuite et le crime sans recherche de gain ou profit.
Aucun de ces comportements n’est posé par la personne elle-même comme étant un projet révolutionnaire, contrairement au martyr. Il arrive simplement un moment où une partie de l’humanité se trouve dans la position de l’esclave qui, ne pouvant plus répondre aux injonctions de son maître, se laisse dépérir ou pervertir, et donc ne peut tout simplement plus remplir sa fonction d’esclave. Le dépérissement de l’esclave entraine la déliquescence de la société du maître.
Ceci est révolutionnaire, ceci est passif.

Désorganiséstraitait de la violence gratuite, Déchirements traite du suicide : la liberté individuelle de mettre fin à sa vie. L’intérêt poétique du traitement de ce thème par l’anticipation est de permettre de placer des personnages dans une situation extrême, celle d’une société, -comme certains pourraient la rêver en fin de compte -, sans crime, sans suicide, et où la mort n’est que très peu présente, mais une société où les individus seraient privés de l’idée et du droit de pouvoir en finir avec la vie. Notre société actuelle française ne condamne pas le suicide au pénal, un suicidé qui se rate n’est pas jugé, mais elle interdit néanmoins à un individu qui souhaiterait mourir d’avoir accès à un moyen de mourir sans violence.

 

Avec le soutien du Centre National du Théâtre (aide à la création), du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Île-de-France), de la Cie Les Compagnons de Jeu, du Colombier (Bagnolet).